Dans le travail que je fais en Guinée, j’ai appris beaucoup de choses que je peux utiliser ici : mes connaissances de la problématique, de la Guinée, et l’ouverture… Cela m’aide par exemple dans le contact avec les femmes ou avec les hommes qui viennent au GAMS. Mais, à l’inverse ce que j’ai appris au GAMS m’aide aussi en Guinée. Par exemple, quand je suis retournée en Guinée cet été, j’ai emporté tous les outils développés par le GAMS. Je les ai partagés là-bas avec les collègues et avec les comités dans les villages. Ils les ont beaucoup appréciés.
Julie Quiquempois, L’excision peut-elle être réparée ? Réflexion sur les incidences psychosexuelles de la chirurgie reconstructrice du clitoris chez les femmes excisées, Publiboek, EPU: Sciences humaines et sociales – psychologie, 2009.
Je suis très content d’être un homme impliqué dans la lutte des mutilations génitales. J’ai aussi été très satisfait du nombre de messieurs qui ont participé à la formation de relais communautaire. Je croyais que j’étais seul…, mais à ma sortie du centre, j’ai compris qu’il y avait beaucoup de personnes aussi qui étaient impliquées. Ca, ça m’a donné encore plus de courage parce que j’ai découvert beaucoup de messieurs, des jeunes. Plus je passais de temps avec eux, plus cela m’a prouvé que beaucoup sont impliqués dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Donc, pour moi encore, il est important d’aller de l’avant: ceux qui ne savent pas, les messieurs qui croient que ça ne les concerne pas, je vais leur dire que ça les concerne. Nous sommes les pères de famille, nous sommes les pères des jeunes filles et nous sommes les maris de ces dames. Quand elles souffrent, nous aussi forcément on va souffrir, surtout si on les aime, …
Notre approche est très locale : on joue sur le changement de comportement mais avec du respect pour la culture. (…) Nous, on va d’abord demandé la parole, on regarde ce qui se passe, on ne juge pas, on ne sensibilise pas encore. On repart et puis on contacte ceux qui ont assisté aux causeries et qui se positionnaient vraiment contre l’excision. On les contacte et on collabore avec eux. (…) Il y a eu des initiatives locales, que nous n’imaginions pas! Par exemples, des personnes ressources, des villageois, faisaient des petites visites à domicile, c’est-à-dire des entretiens entre deux personnes et pas en groupe. Dans certains villages, par exemple à Gbéléma, le doyen du village a dit que maintenant s’il y a encore une fille qui est excisé, il faut payer le prix, une amende: un bœuf doit être donné au village. Ce sont des choses qui sont très touchantes. Et je crois que c’est ça qui a été la force de la sensibilisation.
Carillon Séverine, Petit Véronique, 2008, « Décider de la pratique des mutilations génitales féminines à Djibouti : une affaire de femmes ? », in Belbéoch Olivier, Charbit Yves, Hassan Houssein Souraya (sous la dir.), La population de Djibouti : Recherches sociodémographiques, coll. Populations, L’Harmatan, France, pp.87-128.
Bien que possibles, les poursuites judiciaires sont inexistantes. Beaucoup d’acteurs nous ont exprimé la nécessité que l’Etat démontre sa volonté de lutter réellement contre l’excision, par exemple par des déclarations fortes et l’octroi de moyens financiers suffisants aux acteurs chargés des poursuites (police, parquet, tribunaux). De nombreux témoignages évoquent que durant l’été, des groupes de petites filles déambulent dans les rues de Conakry, vêtues de vêtements traditionnels, pour aller se faire exciser aux yeux de tous. Et personne ne fait rien. Or, le Parquet a les moyens de poursuivre une exciseuse. Mais ce n’est pas le cas. L’impunité présente aujourd’hui déforce le travail de prévention et la protection des fillettes n’est dès lors pas encore possible en Guinée.
Le projet MGF s’articule aujourd’hui sur plusieurs axes de travail : accueil du public concerné, consultations spécifiques (sociales, médicales et juridiques), accompagnement psychologique, activités de groupe et de sensibilisation auprès du public tout venant, du public concerné et des professionnels-les. Notre centre fait partie du Collectif Liégeois contre les Mutilations Génitales Féminines (CL-MGF) et collabore avec le GAMS.