Compte-rendu de lecture: Wat is eerbaar aan geweld? Cahier over ‘eer’- en gendergerelateerd geweld voor professionelen

Lecture faite par                    Daniela Bishop, GAMS Belgique
Genre

Aide pour les professionnelLEs sous la forme d’un cahier, basé sur du travail de terrain, l’étude de littérature et interviews (avec des victimes, professionnelLEs, et expertEs)

Public visé ProfessionnelLEs qui sont confrontéEs à la violence liée à l’honneur
Notions clefs Violence – Genre – Honneur – Migration – Aide

ella_1Référence

Jabloune Hanah, Sayira Maruf en Sarah Scheepers, Wat is eerbaar aan geweld? Cahier over ‘eer’- en gendergerelateerd geweld voor professionelen, Ella vzw, België.

Situer les auteures

 

Déterminer le sujet

Le cahier traite de la violence liée à l’honneur. L’idée est de mener le lecteur/la lectrice à une meilleure compréhension de la problématique. Les rédactrices du cahier parlent de la notion de genre, de la culture, et de la relation de ces deux éléments avec la violence. Ensuite, elles essaient de donner une définition de l’ « honneur » et de la « violence liée à l’honneur ». Sur base de ces définitions, elles plaident pour une aide sensible à la culture et pour une perspective de croisement. Le cahier se clôture par quelques conseils pour les professionnelLEs.

Résumé

Grâce à ce cahier, Ella essaie de déconstruire le discours prédominant à propos de la violence liée à l’honneur et de mettre l’accent sur la complexité de la problématique.

Pour ce faire, les auteurs discutent de la définition des concepts de genre, culture et la relation que ces concepts ont avec la violence. Pour commencer, le genre est défini comme le contenu social et culturel lié aux différences sexuelles biologiques. Le genre définit les rôles sociaux traditionnels qui mènent à certaines attentes, normes et images. Ces rôles changent en fonction du contexte et du temps. La culture est aussi décrite comme relative. Ensuite, la violence de genre se base sur l’inégalité hommes-femmes. Mais la violence liée à l’honneur est basée sur l’inégalité entre les femmes et les hommes dans les groupes minoritaires de culture non-occidentale. La culturalisation (« culturalisering » en néerlandais) est le danger de cette définition : tout analyser seulement au travers du filtre de la culture. Ella plaide pour une approche adéquate de la violence liée à l’honneur grâce à une perspective de croisement : ne pas seulement analyser la culture et le genre mais prendre en compte tout un contexte.

Dans la deuxième partie, les concepts d’ « honneur » et de « violence liée à l’honneur » sont définis. L’ « honneur » n’est pas un concept fixe : son sens dépend du contexte. Cela contient tout un codex de valeurs, concepts et comportements. On remarque aussi que la première génération d’immigrantEs a peur de perdre son unicité et son identité dans un environnement inconnu, et sa notion d’ « honneur » deviendra plus radicale. La violence liée à l’honneur n’est pas seulement une combinaison d’honneur et de violence. Il y a tout un tas de facteurs à garder à l’esprit, alors que l’honneur ne joue qu’un rôle dans la problématique. Il ne faut pas oublier l’influence du contexte politique, des politiques d’immigration et d’intégration, etc.

Dans la troisième partie, les auteures réfléchissent à une manière de donner une aide appropriée. Le ou la professionnelLE ne doit pas avoir un discours culturalisant, menant à des stéréotypes, sinon la communication sera limitée. Mais la culture ne doit pas non plus être ignorée. La connaissance des différences culturelles et ethniques joue un rôle dans le processus thérapeutique : au plus précise est la connaissance de la culture de la personne par le ou la professionnelLE, au mieux va se dérouler le processus. Tout aussi important : la relativité culturelle doit être évitée, pour ne pas considérer la situation problématique de la victime comme acceptable ou normale au regard de sa provenance culturelle. Ella plaide donc pour une approche sensible au contexte. Le ou la professionnelLE doit faire attention à la pluralité de l’identité de la victime demandeuse d’aide. La violence liée à l’honneur est une conséquence du croisement de plusieurs éléments à prendre en compte.

Dans la quatrième et dernière partie, les auteurs donnent des conseils pour une approche efficace de la violence liée à l’honneur. Elles réfèrent vers la DASH-checklist (Domestic Abuse, Stalking and Honour-based violence checklist, voir www.dashriskchecklist.co.uk). Cette checklist est un formulaire à compléter lors de l’entretien avec la victime, pour identifier les risques de violence liée à l’honneur.

Critique

Le cahier est une bonne introduction à la problématique de la violence liée à l’honneur. Les auteures déconstruisent la problématique, et discutent des différents concepts qui y sont liés. La définition d’idées importantes telles que le genre, la culture, et l’honneur est nécessaire et donne une image complète de la problématique. Les témoignages et les exemples sont bien choisis.

Mais le cahier est écrit de manière trop narrative pour être un vrai guide. En lisant les 3 premières parties, la ou le lecteur a l’impression de lire une dissertation, plutôt qu’une aide pour le travail de terrain. Et la quatrième partie, consacrée à des conseils pour les professionnelLEs, est peut-être trop courte et trop générale pour être efficace. Les auteures plaident pour une approche sensible au contexte, mais leurs conseils ne sont pas mis en contexte. Plus d’exemples de situations possibles pourraient être précieux.

Avis personnel

J’ai aimé le livre. Ella aborde un sujet important et mal compris. Tout le monde a déjà entendu parler de la violence liée à l’honneur, surtout via les médias, mais personne ne sait précisément ce que c’est. L’intérêt de ce cahier est de clarifier cette problématique. Après avoir lu le cahier, j’en savais effectivement plus sur la question.

Je retiens tout particulièrement ce passage :

« Quand Jan tue ses enfants pour se venger de son ex, ou quand Mia et Piet mettent une pression morale sur leur fille adolescente enceinte pour qu’elle avorte parce qu’ils ont peur pour leur réputation, on parle de drame familial. Mais si on remplace Jan, Mia et Piet par Mohammed, Ali et Fatma, alors on parle de violence liée à l’honneur. Quelle est donc la différence ? Comme d’habitude, c’est dans la perception des musulmans dans la société occidentale. La provenance culturelle ou religieuse est presque toujours considérée comme un facteur déterminant. » (traduction libre) Témoignage de Lahlali, 2010 (voir page 31).

Je pense que ce passage en dit long, et que c’est un bon résumé de la plainte des auteures de ce cahier.

Ce cahier est utile à toute personne confrontée à la violence dans un contexte multiculturel. L’accent est mis sur la complexité des situations de violence liées à l’honneur. Les stéréotypes ne sont pas un bon moyen d’aborder la question. Chaque cas est différent d’un autre, et les professionnelLEs doivent communiquer le plus possible avec les victimes pour comprendre la complexité de leur situation.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *