Compte-rendu de lecture: Les blanches ne sont pas frigides

Lecture faite par Jeanne-Marie Delvaux, membre du Collectif Liégeois de lutte contre les Mutilations Génitales Féminines
Genre Témoignage sur base expérience professionnelle
Public visé Tous publics plus particulièrement étudiants et professionnels des secteurs médico-psycho-sociaux , psychologues, ethnologues ….
Notions clefs Sexualité, traumatisme, excision, chirurgie plastique, écoute, accompagnement, interdisciplinarité, santé publique, culture

BourdinRéférence

Bourdin Marie-Jo, « Les blanches ne sont pas frigides » Traumatisme-Excision-Normes de la sexualité, Panafrika/Nouvelles du Sud, 2013.

Situer l’auteure

Assistante sociale, avec une maîtrise en sciences sociales, elle exerce au Centre Médico-Psycho-Sociologique Fr. Minkowska, responsable du pôle formation et du MEDIACOR. Elle enseigne à Paris Descartes « Santé, maladie, soins médiations et cultures ». Au delà de ses titres et qualités, elle est surtout une femme engagée et expérimentée par ses voyages dans les pays concernés et par son expérience de consultation là-bas et à Paris.

Déterminer le sujet

L’excision au niveau de l’acte en lui-même, du vécu à court, moyen ou long terme des personnes qui la subissent, traitements et prises en charge multidisciplinaires possibles, ainsi qu’une lecture analytique des pratiques de prise en charge. Des vignettes cliniques concrètes illustrent les propos.

Résumé

Ce livre rapporte le vécu traumatique de l’excision, le ressenti des personnes qui l’ont subie et les différents éléments qui font de cette pratique un grave problème de santé publique. Il situe la place d’une démarche chirurgicale « réparatrice » à sa juste place, à évaluer. Les récits de vie livrés sont clairs, simples, imprégnés d’un grand respect des personnes dans une empathie fine et pertinente.

Il y est question de santé publique, d’empowerment, de conflit de cultures, de norme en matière de sexualité, de chirurgie plastique et non réparatrice.

Critique

Sur le plan des questions de santé publique :

  • Les conséquences des MGF sont importantes sur le plans physiques, mentaux et sociaux.
  • Chez les femmes victimes de l’excision, la capacité d’agir, la puissance d’agir n’est pas toujours atteinte et on voit des femmes se lever pour lutter, le traumatisme alimente un combat

Au sujet des conflits de cultures

  • Notre questionnement au sujet des MGF nous met devant un conflit de culture;
  • Pour les femmes immigrées, aborder la MG comporte un risque double d’être en rupture par rapport à leur communauté d’origine et en situation irrégulière dans le pays d’accueil;
  • Confrontation à la réalité, à l’impuissance, l’impact traumatique de la MGF en référence aux représentations culturelles et aux modèles explicatifs. Il existe aussi un risque de réanimations inattendues du traumatisme lors d’événement de vie, les relations aux autres peuvent être complexes voire traumatiques.

La norme en matière de sexualité est abordée sous différents angles tels que jouir comme une européenne, être une vrai femme, s’autoriser le plaisir, normalité sexuelle par les médias à adopter d’où demande de reconstruction.

La prise de conscience de la réalité de l’excision, lors d’une migration par exemple, a aussi de grandes conséquences (une femme peut avoir une sexualité satisfaisante en ignorant l’existence de l’excision et ensuite présenter des difficultés).

Le regard des Européennes face à cette situation est aussi analysé.

Les mots employés ou tabous : « la virgule – opération des blancs – chercher à s’enseigner, elle ne donne pas de leçons – … »

Au niveau de la chirurgie plastique et non réparatrice, elle est décrite comme un progrès incontestable mais la réparation à elle seule ne répare pas. Elle « peut-être aussi salvatrice que nocive », après accompagnement, autant de femmes la veulent ou la refusent. C’est un parcours long et difficile, la réparation est tant psychologique que physique dans une quête d’identité différente entre le pays d’origine et un pays d’accueil.

L’acte technique est décrit et nommée chirurgie plastique parce qu’il s’agit de quelque chose de nouveau et non un retour à un état antérieur. Elle doit impliquer une démarche multidisciplinaire médicale, psychologique, psycho-anthropologique, sexologique, chirurgicale, suivi ….. Elle doit être abordée avec grande prudence : coupure de culture d’origine et voie d’intégration. Il est question d’information, assistance pré-opératoire, assistance post opératoire, évaluation.

Les vignettes cliniques abordent des situations très différentes sur tous les plans que ce soit contextuel, d’âge, de risques, Aucune personne n’est en péril direct sur le plan de la santé physique ou souffrant de douleurs importantes.

Avis personnel

Ce livre intéressant tout d’abord pour sa facilité de lecture nous entraînant dans une grande humanité.

Vidéos prises lors du café-littéraire à liège, le 7 février 2015

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